Voilà.
ca fait deux ans que j'ai commencé. Vous avez du
croire que ce batifolant journal avait touché sa
fin, par désintérêt, humeur somme toute
vénérable puisque signe de renouveau, et moi
aussi. Et puis non. C'est imprévisible les humeurs
vous savez.
Je
dois avoir ça au bout des doigts.
J'aime
Petite Ville. Parce que le temps n'y existe pas. Ne riez
pas, je ne suis pas le seul à penser ça. Mais
ces temps-ci, quelqu'un (je ne sais qui, surement quelqu'un
de méchant, un malfaisant magicien malotru), y a
introduit un peu de temps. pas beaucoup, juste assez pour
tout troubler. A jamais.
Toutes
les lettres qui me tiennent à coeur, tout l'alphabet
et même quelques chiffres, vont quitter les uns aprés
les autres ce pays sympathique, atemporel et un peu magique,
pour une grande ville où il sera plus facile d'être
triste.
Alors,
oui, c'est une chronique de mort anoncée. Cet été
sera le dernier, et aprés, plus rien ne sera pareil.
Peut-être qu'a partir de ce moment-là, je vous
raconterai toutes les choses que j'aurais aimé vous
dire mais je n'ai pas osé. Ou peut-être que
moi aussi, je m'en irai. Mais je ne crois pas.
Que
feriez-vous, à ma place, si vous saviez que vous
allez voir tout le monde que vous connaissez s'écrouler
comme un chateau de cartes dans un courant d'air ?
Peut-être
comme moi, vous profiteriez de ce qui vous reste ...
En
tous cas, si vous passez par ici, perdu au détour
d'une route de campagne dans un pays retiré qui ne
figure pas sur les cartes, passez me voir. Je vous attendrai.